Dude,
I know! Dix ans que je n'ai pas posté. Dehors, il tombe une
neige lourde et épaisse. Le décor devient
officiellement Canadien, le top pour reprendre la plume! Un chocolat
chaud et hop! sous la couette, la zik à fond les ballons,
c'est trop bon...
La
question existentielle que tout le monde se pose? La voici: Mais que
fait-on pendant l'interminable voyage de 15 heures entre Paris et
Minnéapolis alors que son Loulou noir se languit de votre
arrivée depuis 13 semaines, 5 jours et 1 heure 56?
Bah...Euh...On
passe son temps à penser, écrire et manger des
conneries...je valide Jean-Pierre! Et c'est une bonne réponse,
on en glande évidemment pas une! Hormis manger en musique,
aller et revenir des toilettes en musique, bailler en musique sans
jamais ô grand jamais tomber de sommeil, le degré
évident d'excitation, de patate, de banane et d'adrénaline
se révélant franchement incompatible avec une
quelconque fatigue! Vous l'aurez compris, ce petit bijou électronique
que l'on appelle ipod se révèle être l'ami
indispensable de votre voyage. Donc si l'on résume...
1)
On calcule! C'est ainsi que l'on s'autorise enfin à découvrir,
avec effroi, que (13*7)+5 font 96! 96 jours sans son lascar de chéri
donnent toujours autant le frisson!
2)
On s'empiffre! A la vue du repas Américain, on s'aventure
dangereusement à regretter la portion lilliputienne de
camembert servie par Air France. Mendier toute part de fromage, si
fromage il y avait eu, aurait été un jeu d'enfant et un
ultime régal avant six mois de sentence fromagère!
3)
On observe! Le calme à bord est improbable entre les
gazouilleurs et les ronfleurs. Et pourtant émerge un état
paradoxal de réflexion. Air France/US Airways: à qui
l'Award de la meilleure compagnie? Le suspense est déjà
à son paroxysme quand subitement Susan l'American circule
difficilement dans les allées avec son gros c** alors que
Marie la Frenchie s'exécutait l'année dernière
avec la grâce de Laetitia Casta. USA: 1/ France: 0! Et que dire
de Debbie et de sa générosité sur les apéritifs,
de Darryl et de son animation Bafa relevée à la sauce
Américaine? Comment expliquer que ce stewart, aussi hétéro
que notre Michou national, prenne un plaisir insensé, avec le
petit doigt levé, à nous présenter le catalague
du SkyMall -littéralement le 'centre commercial aérien'!?!
Comment expliquer mon engouement au milieu de l'Atlantique pour le
salon de jardin en Tek à moins 50% ainsi que la brosse à
dents pour chien alors que je n'ai ni jardin ni chien? USA: 2/
France: 0! A croire que le monstre aérien Français ne
trouve grâce à mes yeux qu'à des fins
matrimoniales Franco-Jamaïcaines, USA: 2/ France: 100!
4)
On écrit! Après une courte page de publicité, on
reprend la plume tant pour terminer sa liste de courses à
faire uniquement après 2 heures du mat' au Wal Mart local que
pour partager les futurs grands moments de pêche sous glace et
de chasse au cariboo car lentement mais sûrement, Pépette
aux States reprend du service avec, pour cette nouvelle saison, une
guest star béton, son chéri!
Aterrissage
à Philadelphie, toujours sur mon petit nuage. Nuage duquel
l'immigration Américaine allait rapidement m'en éjecter!
Attention! Étape aussi mouvementée que redoutée
du périple...
Pour
un étranger, l'entretien avec un officier de l'immigration
Américaine reste une épreuve charnière, la
notion d'accueil ne fait pas parti de son vocabulaire. En moyenne,
l'entretien ne dure pas plus longtemps que la cuisson d'une pizza. Le
mien aurait permis de préparer un bourguignon! Avec toute
l'expérience d'une année Américaine et la
patience d'un été Français, ma sérénité
est alors de mise et je la pensais imperturbable. Malgré ma
bonne foi et mon honnêteté apparentes, mon profil reste
douteux, la tentation de travailler sous un visa de tourisme pendant
les six prochains mois reste trop grande pour l'officier! Transformer
de telles suppositions en évidences, telle elle est la raison
de ce bourguignon!
A l'écart
de la planète entière, les entretiens se suivent et se
ressemblent. Tout comme les questions. Ferme mais respectueux,
intrusif mais professionnel, autant de termes pour qualifier
l'officier lambda. Le bras de fer a commencé. Même pas
peur.
La fouille
complète et acharnée de l'ensemble de mes valises, Non!
je n'ai toujours pas décidé de voyager léger,
s'ensuit et me rappelle Noz, son joyeux bordel et le malin plaisir à
le mettre! La situation prend alors soudainement une tournure
surprenante et moins risible à la vue de cette boîte
mystère fraîchement emballée qu'il me met sous le
nez. Une boîte légère comme une plume, offerte
par mes Pépettes et leurs chéris la veille de mon
départ! Implorer l'agent qu'il s'agit d'un précieux
cargo et qu'il nécessite, de ce fait, le plus grand soin le
laisse absolument impassible! Rappelons la situation. D'un côté,
l'officier d'immigration froid et insensible ayant en horreur le
paramètre 'inconnu' -il est toujours bon d'en rajouter un
brin! De l'autre, la pauvre rejetée Française à
fleur de peau -il est toujours bon d'en rajouter une tonne! Et entre
les deux, notre boî-boîte mystère. Qui du bien et
du mal prendra le dessus? Rappelons également à notre
lecteur qu'à cet instant précis, l'officier, à
un cheveu de me renvoyer vers Paris, n'a plus rien de courtois!
Hum...que faire?
Balancer un
tas d'insanités Jamaïcaines!
Implorer
l'officier de jouer l'instant façon Horacio Cane, lunettes
noires et poudres magiques, le sauveur des experts Miami!
Verser sa
petite larme!
Avec la
machine à rayons X à tribord et le désamorceur
de bombes à babord, l'option numéro deux, assaisonnée
d'un 'ole fawt, move ya bombo clawt an
gway'
m'aurait fortement convenue. Malheureusement, en un éclair,
l'agent ouvre la chose comme on ouvre un paquet de chips. Découvrant
à travers l'emballage déchiqueté le plus joli
des coussins pour alliances délicieusement brodé par
mes potes, les chaudes larmes coulent à flot! Autant vous dire
qu'à cet instant précis, j'atteins mes limites. Celles
d'un été nerveusement éprouvant sans Lui. Mais
le plaisir gâché de la découverte à deux
est rapidement balayé par l'immense preuve d'amitié!
Merci pour cette pierre fondatrice de notre projet de mariage!
Après une
micro-seconde d'humanité de sa part, version ours, le
spectacle reprend son cours! Mes-valises-de-fille-destination-chéri
éventrées, je relate ma vie en fonction des objets
qu'il me pointe sous le nez, du pâté aux notes
personnelles. Notes perso qui font littéralement rire son
acolyte, traducteur à ses heures perdues. Susan l'American a
en effet un gros c**. Désormais ils sont deux sur mon cas.
Tout y passe, y compris les deux bougies pour l'anniversaire de mon
chéri que l'ours manipule, interloqué, de ses paluches.
Trois puis cinq...ou...cinq puis trois? La tentation de faire passer
mon homme pour un quinquagénaire, plus vieux que mon père,
est immense. Mais mon retour sur Paris plane toujours au-dessus de ma
tête, la sagesse reste de rigueur. Abasourdi par l'existence
d'une différence d'âge, il décide d'appeler
l'intéressé, Orville. Non conviée à cet
entretien, j'attends le verdict. D'autres Français passent au
même moment à la casserole. Serrant toujours les dents,
j'attends quand enfin l'ours me remet mon passeport...Tamponné
pour six mois, bingo! A la fois épuisée et déchaînée,
je trace, mes deux monstres sur roulettes derrière, en vue
d'attraper le vol. Vol attrapé, je ne pense plus qu'à
Lui. Lui, retrouvé, je ne pense plus à rien. Je
souffle, je relâche le pression. Le marathon estival est fini!
Depuis, la
vie à deux a meilleur goût. Ont fait leur apparition
dans notre quotidien, les leçons du bon Français pour
l'un et des vannes Jamaïcaines pour l'autre, mais aussi Rusty et
m'dame Rusty, nos charmants et délirants voisins d'à
côté et mon anti-rides, essentiel! Sans oublier les
températures nordiques. Passer de la robe à la panoplie
de l'Esquimau en un rien de temps s'avère...rafraîchissant!
Et puis comme prévu et annoncé cet été,
nos projets aux US ont déjà pris une autre couleur.
Entre un poste au Daily News idéal et des incompatibilités
administratives, entre l'envie de poursuivre son bonhomme de chemin
aux Etats-Unis et les difficultés d'y séjourner
toujours plus, les prochains mois promettent à coups sûrs
quelques surprises. A l'affût d'un pays anglophone, accueillant
et frais d'opportunités pour deux inséparables...
Bonne semaine et
gros bisous à tous!